Les guitares de JONI MITCHELL
La technique de picking/strumming de Joni Mitchell évolue d’un style initialement complexe à un style plus lâche et plus rythmé avec parfois des slaps percussifs.
Elle incorpore la modalité, le chromatiscisme et les points de pédale très tôt. En 1968 déjà, elle utilise les harmonies quartale et quintale.
Elle appelle ses 50 accords « Les accords étranges de Joni ».
Son jeu si particulier donne des cordes aiguës qui deviennent une section de cors de cool-jazz et une basse qui arrache des syncopes comme une caisse claire.
Elle explique : « Au début, j’ai construit le répertoire des accords majeurs ouverts que les vieux blues ont inventés», a-t-elle déclaré. «C’était seulement trois ou quatre. Le plus simple est D modal [DADGBD]; Neil Young l’utilise beaucoup. Et puis ouvrez G
[DGDGBD], avec la cinquième corde supprimée, c’est tout ce que Keith Richards joue. Et ouvrez D [DADF # AD]. Puis, en passant entre eux, j’ai commencé à obtenir des accords plus «modernes», faute d’un meilleur mot« .
On lui connait l’utilisation d’une Martin D-28, d’un Dulcimer des Appalaches, d’une Martin D-45 et de deux Collings D2H.
Joni possède une guitare personnalisée avec un micro hexaphonique Roland connecté à un processeur de modélisation Roland VG-8. Cela lui permet de jouer ses nombreux accords alternatifs sans avoir à ré-accorder la guitare.
Fred Walecki lui conçoit une guitare de style Stratocaster pour fonctionner avec la guitare virtuelle Roland VG-8. Ainsi, cette dernière encode les signaux de lecture en signaux numériques qui sont ensuite traduits en accordages modifiés.
Les effets de JONI MITCHELL
Joni Mitchell utilise une multitude d’instruments durant sa carrière. Aux précédents, nous pouvons ajouter un piano Wurlitzer, des boites à rythme et des séquenceurs.
Ah Ah ! Enfin UNE guitar-hero pour Sounds-Finder ! (Oui, nous comptons des rédactrices hyper fières aujourd'hui !). En effet, nous parlons ici d'une multi-instrumentiste, compositrice, interprète, chanteuse et peintre, rien que ça ! Ses chansons reflètent ses idéaux sociaux et philosophiques, ses sentiments au sujet de la romance, de la féminité, de la désillusion et de la joie. Toujours innovante, elle compte plus de 50 accords qui lui sont propres ! Voyons un peu quel peut bien être le parcours d'un telle musicienne.
Une artiste dès son plus jeune âge
Roberta Joan Anderson nait le 7 novembre 1943 à Fort Macleod (Canada). Sa mère est enseignante et son père lieutenant dans l’Aviation Royale Canadienne avant d'être épicier. A 9 ans, elle chante dans la chorale de l’église locale mais peine à l’école comme pour les leçons de piano tout ça en fumant déjà…
Elle apprend le ukulélé et la guitare en autodidacte, à partir d’un recueil de Pete Seeger. Elle commence aussi des études d’arts plastiques. Joni chante souvent dans des concerts improvisés avec ses amis. A 18 ans, elle élargit son répertoire pour y inclure ses artistes préférées, Miles Davis et Edith Piaf.
En 1962, elle donne son premier concert payant dans un club canadien.
Les débuts d'une grande carrière
Joni part a Toronto où elle joue dans divers clubs et dans la rue pendant plusieurs années. Ceci en pleurant sa fille qu'elle donne à l'adoption, faute de moyens pour l'élever décemment. Elle épouse Chuck Mitchell en 1965, et grâce à lui, elle se produit aux Etats-Unis, d’abord en duo puis seule.
Dans les cafés et bars folk, à la tv canadienne et américaine ensuite, Joni se fait remarquer par son style unique de song-writing – accordant sa guitare à sa propre manière, avec beaucoup de combinaisons d’accords ouverts (on lui en connaît plus d’une cinquantaine qu'elle nomme "les accords étranges de Joni".
En Floride, Bing Crosby la découvre en 1967 et l’aide à enregistrer son premier album sur lequel Stephen Stills joue de la basse. Elle en fait la tournée promotionnelle qui crée une impatience pour son public.
Un succès d'abord mitigé
Beaucoup de ses compositions remportent le succès en étant reprises par d’autres artistes tels que Tom Rush ou Neil Diamond. Dès 1969, forte de ses succès, Joni remplit le Carnegie Hall de New-York.
Son troisième album sort en 1970 et contient son véritable premier grand succès (repris par Joe Dassin, entre autres), « Big Yellow Taxi ». Crosby, Stills, Nash and Young reprennent le morceau « Woodstock » qui devient un vrai tube.
Rolling Stone classe l’album suivant, « Blue » sorti en 1971 comme le 30° des 500 meilleurs albums de tous les temps, catégorie "Women Who Rock".
Joni critique beaucoup l’industrie musicale et les conditions de vie inhérente à la célébrité. Les deux albums suivants ont plus d’accents rock. D’ailleurs, dans « Court And Spark », son plus grand succès commercial, on retrouve « Help Me » et « Free Man In Paris ». Cet album montre les prémices du virage jazz que les prochains confirmeront. Dans cet opus, des percussions africaines et un synthétiseur apparaissent. Les critiques sont très partagées quant à cette version jazzy de cette musicienne folk de base.
Les années fructuantes
En 1975, Joni participe à plusieurs concerts avec Bob Dylan et Joan Baez. L'année suivante, elle joue dans le cadre de "The Last Waltz" par The Band. La même année, pour « Hejira », la basse fretless de Jaco Pastorius fait son entrée. L'album fait un tabac aux Etats-Unis et en Europe.
Entre 1977 et 1979, elle collabore et tourne avec Charles Mingus, termine son dernier album où l’on retrouve Jaco Pastorius, Pat Metheny, Wayne Shorter et Herbie Hancock.
Les années 80 sont les moins rentables avec 3 disques enregistrés et aucune bonne critique. Cependant, Joni entame une tournée mondiale en 83. Elle s’entoure de Wayne Shorter, Willie Nelson, Tom Petty, Peter Gabriel, Billy Idol et Manu Katché, entre autres. D'ailleurs, elle sort « Chalk Mark In A Rain Storm » en 1988 avec le duo avec Peter Gabriel, « My Secret Place ». Joni est intronisée au Hall Of Fame canadien en 1981.
Les années 90, plus compliquées
En 1990, Joni fait une apparition dans le show de Roger Waters, aux côtés de grands noms de la musique. Un frêle succès revient en 1991, à la sortie de « Night Ride Home ». Mais, c'est en 1994 que parait l’album qui annonce pour beaucoup son retour à la musique de qualité avec « Turbulent Indigo ».
En 1996, elle devient la première femme à obtenir le prix Polar Music. Elle participe également à une grande tournée avec Bob Dylan et Van Morrison. On commence à remarquer sa voix changeante par rapport à ses débuts. Etant fumeuse depuis petite, elle nie le rapport et évoque les restes d’une polio attrapée à 9 ans, des nodules vocaux et un larynx comprimé. Elle est intronisée au Rock And Roll Hall Of Fame en 97.
Les années 2000, c'est toujours plus de récompenses !
Dans les années 2000, alors que Joni pense raccrocher sa guitare pour s’adonner à la peinture, elle s’entoure d’un big band pour enregistrer 2 disques. Ils sont principalement composés de standards américains des années 30 et 40. Par la suite, elle publie des compilations, comme elle dit : « pour remplir des obligations contractuelles ».
Joni reçoit encore un Grammy Award en 2002. La même année, elle reçoit un Lifetime Achievement Award. Puis, en 2004, elle est nommée Compagnon de l’Ordre du Canada. En tout, elle reçoit 9 Grammy Awards. Joni peut se vanter d'avoir obtenu plus d’une trentaine de récompenses durant sa carrière. A noter, en 2020, le prix Les Paul, qui l'honore d'être la première femme à l’obtenir.
En 2007, elle annonce son grand retour avec « Shine » qui retrouve le succès de « Hejira », paru 30 ans plus tôt. Elle fait quelques rares apparitions sur scène et en tv mais elle préfère s'adonner à la peinture. En 2015, Joni fait une rupture d’anévrisme qui la laisse physiquement diminuée. Elle ne compose plus mais ressort des archives.
En conclusion...?
Heureusement, pour Joni Mitchell, il n'y a pas de conclusion. Cette artiste complète peut se vanter d'influencer Janet Jackson, Neil Young, Jimmy Page, David Gilmour, Björk, Robert Plant, Prince, Jeff Buckley, Eurythmics et Madonna entre autres. Ses morceaux ont fait l'objet de nombreuses reprises d'artistes de tout genre musical. Son répertoire est souvent celui de concerts spécifiques en Amérique du Nord et Europe.
Elle a enregistré 19 albums studio, 2 live et 8 compilations.
Sa voix fraiche, presque candide, qui couvre registre de soprano et d’alto comporte des harmonies vocales raffinées. Quant à son jeu de guitare très élaboré, même le grand Eric Clapton s'en est dit déconcerté !